Une compagnie aérienne peut commercialiser un même vol à des prix différents selon le pays dans lequel le billet d’avion est acheté. Une pratique qui n’a plus cours en Europe mais qui n’est pas rare ailleurs dans le monde. Je vous explique comment payer moins cher un billet d’avion en choisissant un point de vente alternatif de la compagnie.
L’optimisation tarifaire des compagnies par pays
À l’époque des billets en carton, les compagnies aériennes utilisaient un mécanisme de tarification différentiée s’appuyant sur un indicateur dénommé IATA International Sales Indicator (IISI). Il pouvait prendre quatre valeurs – SITI, SOTO, SITO ou SOTI – en fonction du lieu de vente et du lieu d’émission du billet d’avion par rapport au pays de commencement du voyage.
Valeur IISI | Description |
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SITI (Sold Inside Ticketed Inside) | Billet vendu et émis dans le pays de départ du premier vol de l’itinéraire |
SOTO (Sold Outside Ticketed Outside) | Billet vendu et émis en dehors du pays de départ du premier vol de l’itinéraire |
SITO (Sold Inside Ticketed Outside) | Billet vendu dans le pays de départ du premier vol de l’itinéraire mais émis en dehors du pays de départ |
SOTI (Sold Outside Ticketed Inside) | Billet vendu en dehors du pays de départ du premier vol de l’itinéraire mais émis dans le pays de départ |
Les compagnies faisaient payer plus cher la clientèle « outside » supposée bénéficier d’un pouvoir d’achat plus important :
- les entreprises avec du personnel en poste à l’étranger ou qui invitent un partenaire étranger
- les familles qui envoient un billet d’avion à un proche résident à l’étranger
- les touristes qui réservent un vol domestique à l’étranger ou un itinéraire entre pays étrangers.
Cette pratique est strictement interdite par les règles du marché unique européen. Par exemple, un vol Bucarest / Paris ne peut être facturé plus cher s’il est acheté en France plutôt qu’en Roumanie.
IATA – l’association représentant les intérêts des compagnies aériennes – a fini par abandonner totalement son indicateur ISI en 2005, admettant que ce système n’avait plus beaucoup d’avenir avec la généralisation de la billetterie électronique.
Les transporteurs n’ont cependant pas renoncé à la tarification par marché émetteur. Ils ont combiné d’autres paramètres à leur disposition pour conceptualiser le Point of Sale (point de vente). La méthode consiste principalement à ajuster le nombre de sièges disponibles dans les classes de réservation en fonction du pays où est située l’agence (physique ou virtuelle) chez qui le client effectue son achat pour augmenter ou baisser les prix. Les frais de paiement par carte de crédit et les marges de change entre devises constituent une autre source de revenus manipulable.
Des billets d’avion moins chers en modifiant le point de vente
La tarification du billet d’avion basée sur le point de vente est généralement facilement contournable, en comparant les prix dans son pays de résidence avec ceux proposés par la compagnie aérienne sur son site internet.
Dans la configuration la plus simple, le site marchand de la compagnie est un point de vente établit dans le pays d’origine de l’entreprise.
Par exemple, Korean Air commercialise à l’étranger sa route Séoul / Busan au tarif unique de 110€ l’aller-simple en classe de réservation Y. Sur le site de la compagnie, des sièges sont disponibles dans des classes de réservation inférieures et le prix le plus bas est 3,5x moins cher à 41200 KRW soit 31€ seulement. Dans les deux cas, le transport d’un bagage en soute de 20 kg est inclus.
Des compagnies vont plus loin en concevant des versions localisées de leur site web qui sont associées à des points de vente distincts. En basculant d’un pays à l’autre, on peut trouver des prix différents pour un voyage identique.
Dans cet exemple, LATAM vend un aller-retour Santiago du Chili / Île de Pâques à 336€ en classe N sur la version française de son site. Sur la version chilienne, la classe V est disponible et le même itinéraire coûte 20% de moins à 250176 CLP soit 269€ environ. La franchise pour les bagages est similaire.
La technique n’est pas exclusive aux vols domestiques, mais elle est moins fréquente pour les vols internationaux. Pour ceux-ci, on constate plutôt des écarts de change entre les devises, en particulier chez les compagnies low cost qui n’utilisent pas d’unité monétaire neutre.
Par exemple, Malindo Air commercialise son vol Kuala Lumpur / Bangkok à 259 MYR soit 55€ environ. La compagnie s’octroie 16% de marge de change quand elle libelle le même tarif 64,12€.
La facturation de frais supplémentaires selon le moyen de paiement est interdite dans certains pays mais autorisée dans d’autres. Des compagnies s’en adaptent.
Dans cet exemple, Iberia propose son vol Madrid / Paris au même prix en Espagne et en France – marché unique européen oblige. Mais le transporteur gratte 2% de plus sur les réservations payées par carte de crédit en Espagne. Utiliser la même carte bancaire sur la version du site associée à un point de vente français n’entraine aucune surcharge, celle-ci n’étant pas légale en France.
Pour profiter de ces écarts de prix, il est intéressant de comparer les tarifs dans son pays de résidence, dans le pays de départ du premier vol, dans le pays de destination et dans le pays du siège de la compagnie en modifiant le point de vente.
Les pièges à éviter
Quand vous trouvez un prix moins cher en substituant un point de vente par un autre, assurez-vous qu’il n’est pas réservé aux résidents du pays de ce point de vente par une mention en ce sens durant le processus de réservation ou dans les conditions tarifaires. Sinon la compagnie ne manquera pas de vous réclamer la différence à l’aéroport.
Un prix plus bas est souvent associé à une flexibilité de modification ou d’annulation moindre. La franchise pour transporter des bagages en soute peut aussi varier. Vérifiez que toutes les caractéristiques du tarif correspondent à vos besoins.
L’économie potentielle doit être suffisamment importante pour absorber les commissions bancaires découlant d’une transaction en devises à l’étranger (autour de 3%, consultez le recueil des conditions tarifaires de votre banque).
Enfin, en cas de litige commercial, les droits du consommateur sont ceux en vigueur dans le pays du point de vente retenu.
Avez-vous économisé sur un billet d’avion en modifiant le point de vente ?